L’anaphore

« NOUS SOMMES EN GUERRE ».
Suite au discours du président de la République hier soir, revenons sur la figure de style de l’anaphore.

L’anaphore, du grec ancien anaphora, signifie « reprise, rapport ».
Elle consiste à commencer des vers, des phrases ou des ensembles de vers ou de phrases par le même mot ou le même syntagme.
Ainsi, elle rythme le propos, crée un effet musical, renforce le discours et induit une incantation, une urgence.

Emmanuel Macron a usé de cet effet avec le leitmotiv « Nous sommes en guerre », tout au long de son intervention.
Le mot confinement n’a pas été employé mais cette expression lui a permis d’essayer de faire comprendre à la population la gravité de la pandémie.

L’anaphore est souvent utilisée en politique.
Elle a été déterminante pour François Hollande le 2 mai 2012, lors du débat de l’entre deux-tours qui l’opposait à Nicolas Sarkozy.
Chacun se souvient du fameux « Moi président de la République ».

Rimbaud était friand de ce procédé, particulièrement dans Le Bateau Ivre et Enfance III et IV.
Terminons donc sur cette touche de poésie et profitez de cette période de confinement pour lire ou relire les œuvres rimbaldiennes.

 III


     Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.
     Il y a une horloge qui ne sonne pas.
     Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
     Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
     Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
     Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois.
     Il y a enfin, quand l’on a faim et soif, quelqu’un qui vous chasse.

IV

     Je suis le saint, en prière sur la terrasse, – comme les bêtes pacifiques paissent jusqu’à la mer de Palestine.
     Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.
     Je suis le piéton de la grand’route par les bois nains ; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d’or du couchant.
     Je serais bien l’enfant abandonné sur la jetée partie à la haute mer, le petit valet, suivant l’allée dont le front touche le ciel.
     Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L’air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin ! Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant.

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